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Les systèmes de production du riz (Oryza sativa) en Afrique sont la riziculture pluviale de plateau, la riziculture pluviale en eau peu profonde (sol marécageux), le riz irrigué et la riziculture en eau profonde (riz aquatique). Ces systèmes se pratiquent en fonction de la quantité d’eau disponible pour les cultures et en fonction de la topographie de la région où le riz est cultivé.

Les défis autour de la production de riz au Sénégal et au Mali

En raison des défis posés par la faible fertilité du sol et par le faible niveau d’humidité qu’il contient, il est difficile de porter les systèmes de production de riz existants en Afrique au maximum de leurs capacités. Ces défis incluent:

  • Un accès limité aux semences de bonne qualité;
  • Un appauvrissement de la fertilité du sol;
  • Une pénurie de terres agricoles;
  • L’érosion du sol;
  • L’eau;
  • Les mauvaises herbes;
  • Les insectes nuisibles, les maladies et les dégâts causés par les oiseaux;
  • Des pertes élevées après les récoltes;
  • La production de riz n’apporte que de faibles rétributions.

Sélection des variétés adaptées

  • Décider d’adopter un système de riz de plateau ou de plaine en fonction du type de terrain disponible (plateau ou plaine avec des ressources en eau).
  • Choisir des variétés traditionnelles ou améliorées adaptées à la région, qui ont été testées dans les conditions locales par d’autres agriculteurs ou par des centres de recherche. Il faut savoir si la période de croissance, la résistance aux mauvaises herbes, les besoins en eau et en nutriments de cette variété sont adaptés aux conditions climatiques les plus difficiles de la région. Il est également important de sélectionner des variétés qui sont très demandées sur les marchés et les variétés que les autochtones préfèrent selon les goûts culinaires locaux.
  • Choisir des variétés dont les semences peuvent être sélectionnées, reproduites et réutilisées pour les prochaines cultures. Si de nouvelles semences venues d’autres régions sont disponibles, elles doivent être essayées et contrôlées selon les conditions de la région avant d’être utilisées à grande échelle. Si c’est possible, choisir au moins quatre variétés différentes pour créer la diversité génétique nécessaire à la satisfaction de différents besoins.

Sélection des semences

  • Sélectionner des plantes saines de qualité supérieure (conformes au type variétal) pour s’assurer que seules les meilleures semences adaptées aux conditions locales soient utilisées.
  • Avant la récolte finale, sélectionner la partie des cultures où les plantes sont uniformes, saines, sans maladie et avec des panicules productives.
  • Au moment de la maturité, récolter les panicules et les faire sécher dans un environnement frais jusqu’à ce que leur teneur en humidité atteigne 14 à 15 %. Séparer les grains des enveloppes à la main pour éviter toute contamination par d’autres variétés.
  • Recycler 30 à 40 kg des graines récoltées pour ensemencer une surface d’un hectare. Une récolte lors de la saison sèche permet d’obtenir plus de bonnes graines car elles ont atteint leur pleine maturité et par conséquent, la durée de vie des graines récoltées pendant la saison sèche est plus longue que celle des graines récoltées lors de la saison des pluies.
  • Entreposer les graines dans un récipient hermétique, comme un pot, placé dans un endroit frais et sec ou suspendu dans la maison pour le protéger des rongeurs ou des insectes nuisibles.
  • Parfois, il est possible d’ajouter des matières répulsives pour éloigner les ravageurs lors du stockage. Par exemple, un mélange de margousier (neem) sec en morceaux, de feuilles de ricin ou d’autres répulsifs herbacés locaux.

Gestion de l’eau

Un approvisionnement en eau est nécessaire pour une production de riz optimale par le système de riziculture de plaine comme par le système de riziculture de plateau. La gestion de l’eau dépend de la variété du riz, de la pluviométrie, des propriétés du sol, des pratiques de gestion et de la disponibilité des ressources en eau.

Les besoins en eau des systèmes de plateau sont comblés en utilisant au mieux les eaux de pluie. Par conséquent, le riz doit être ensemencé selon les indications du calendrier cultural pour que la phase de croissance (de l’initiation paniculaire à l’épiaison), celle qui a besoin le plus d’eau, se déroule au moment où les précipitations sont les plus importantes. Cela sera complété par la diminution des opérations de labour, la mise en place d’un paillage et d’un système de récupération des eaux de pluie sur les terres en pentes. Il est important d’établir les périodes de semis pour chaque saison en se basant sur la pluviométrie journalière établie sur le long terme (15 ans) ou sur des expériences réelles pour déterminer la période optimale de semis.

Idéalement, le niveau de l’eau des rizicultures irriguées doit être maintenu à 2 cm pendant toute la période de croissance, sauf pendant la phase de maturation. Toutefois, cela n’est possible que lorsque l’on peut compter sur un approvisionnement en eau à chaque fois que cela est nécessaire. Or, dans la plupart des situations, l’approvisionnement en eau dépend des pluies et beaucoup d’agriculteurs n'ont pas les moyens d'installer des systèmes d’irrigation.

Lorsque les ressources le permettent, les agriculteurs doivent canaliser et conserver correctement l’eau disponible en installant des digues et des canaux pour capter l’eau de ruissellement et la stocker dans un réservoir artificiel. L’eau ainsi collectée pourra ensuite être redistribuée dans les champs lorsque l’approvisionnement en eau de pluie ne suffira plus.

Le Système de riziculture intensive (SRI)

Le SRI est une méthode pour augmenter la productivité du riz irrigué en modifiant la gestion des plantes, du sol, de l’eau et des nutriments. Le SRI, originaire de Madagascar, permet des plantes et des sols plus sains, des racines plus fortes et apporte une plus grande diversité des microorganismes présents dans le sol. Avec le SRI:

  • Le sol n’a besoin d’être maintenu humide que pendant la période de croissance lorsque les talles et les feuilles sortent, avant la floraison et la production de graines. Pendant la phase de reproduction, une fine couche d’eau doit recouvrir le riz (1-2 cm) à la surface du sol. Le champ ne doit pas recevoir plus d’eau pendant les 25 jours précédant la récolte.
    Transplanter des semis, généralement vieux de 8 à 12 jours, avec seulement deux petites feuilles. Cette opération doit être faite rapidement et avec soin pour ne pas perturber les racines, en mettant un semis par trou au lieu de trois pour réduire la compétition entre les racines. Espacer les plants pour favoriser une meilleure croissance des racines et de la canopée suivant le quadrillage d’une grille de 25 par 25cm ou d’une grille plus grande lorsque le sol est de bonne qualité.
  • Le premier désherbage doit être effectué 10 jours après la transplantation et un second désherbage doit avoir lieu dans les deux semaines suivantes. Cela permettra de déterrer les herbes et de rajouter de l’oxygène au sol, ce qui est nécessaire pour les racines. Procéder à un ou deux désherbages complémentaires (3 ou 4 désherbages au total) apportera encore plus d’oxygène au sol. Un sarcloir mécanique très basique, appelé houe rotative, actionné à la main, a été conçu pour permettre aux agriculteurs d’éliminer les mauvaises herbes facilement, rapidement et plus tôt. Le travail fastidieux qui consiste à arracher les herbes une par une à la main une fois qu’elles ont poussé est considérablement allégé.
  • Ajouter composte ou engrais lorsque c’est possible pour apporter des nutriments au champ.

Dans plus de 40 pays, le SRI a permis d’augmenter les rendements (de 50 à 100 % et plus) et de réduire les semences nécessaires (jusqu’à 90 %) ainsi que la consommation d’eau (50 % et plus). Ceux qui utilisent le SRI ont également constaté une diminution des insectes nuisibles, des maladies, de l’égrenage prématuré, des grains échaudés et des verses. On constate d’autres avantages pour l’environnement, comme la réduction de l’utilisation des produits chimiques agricoles, de la consommation d’eau et des émissions de méthane qui contribuent au réchauffement climatique.

Réduction des pertes après la récolte

S’occuper correctement du riz biologique après la récolte permet de maximiser la qualité des grains et de minimiser les pertes et les risques de contamination par des matières ou des agents externes. Dans le cas de la production de riz biologique certifiée, il est important de bien séparer le riz biologique des cultures en conversion et des cultures conventionnelles.

Le processus des opérations menées après la récolte commence par la récolte, l’égrenage, le séchage, l’usinage, le stockage et le conditionnement sécurisé, le tout effectué proprement et au bon moment:

  • Récolte. Le riz est prêt à être récolté lorsque les grains sont durs et qu’ils ont atteint leur taille maximale, lorsque la panicule se courbe vers le bas. Le nombre de jours qui sépare la floraison de la récolte est fixé pour chaque variété. Il faut s’y référer pour procéder à la récolte en temps voulu et pour réduire les risques d’égrenage prématuré. À ce moment-là, la plupart des panicules sont de couleur marron dorée. Afin de prolonger la durée de conservation, le riz doit être récolté lorsqu’il est à maturité. La date est déterminée en fonction de la phase de maturité, des caractéristiques d’égrenage, de la variété et des conditions météorologiques (de préférence par temps sec). Éviter de mélanger les graines de mauvaises herbes avec les grains de riz récoltés. Toute mauvaise herbe avec une graine pleinement développée peut être arrachée avant la récolte. Récolter en coupant les tiges du riz au raz du sol avec une faucille dentelée est bien plus rapide qu’avec un couteau. Les grains de riz récoltés (paddy) doivent êtres placés sur des bâches pour éviter toute contamination comme les cailloux.
  • Séchage. Le riz est récolté lorsque sa teneur en humidité est très élevée, par conséquent, il doit être immédiatement séché. Retarder le séchage ou procéder à un séchage irrégulier entraînera des pertes qualitatives et quantitatives avec décoloration des grains et favorisera la prolifération de moisissure et d’insectes. Le paddy doit être répandu uniformément sur les bâches et ne pas former de couche épaisse, sinon, il produira de la chaleur et entraînera la décoloration des grains. Il est préférable de faire sécher les grains dans un environnement frais et sec, plutôt que de les faire sécher trop rapidement en plein soleil pour éviter de détériorer la qualité du grain qui risquerait de se briser pendant la phase d’usinage.
  • Égrenage et usinage. Les méthodes d’égrenage vont de battre simplement les bottes de riz sur une pierre ou un morceau de bois à l’utilisation de moissonneuses-batteuses mécanisées. L’enveloppe et le son du riz sont séparés pendant l’usinage pour obtenir le grain comestible. Si le riz n’a pas été correctement séché avant l’égrenage, il doit être séché de nouveau à 14% avant l’usinage. Avec la méthode simple, principalement utilisée à l’échelle des ménages et des villages, le riz est blanchi en une seule étape. Cependant, des installations d’usinage appropriées sont nécessaires pour obtenir une plus grande proportion de grains entiers de meilleure qualité et à prix plus élevé. Pour obtenir de bon prix, le riz blanchi doit être entier et ne doit pas contenir d’enveloppes, de graines de mauvaises herbes, de cailloux ou autres matières étrangères. Dans le cas de la production biologique certifiée, l’atelier servant à l’usinage du riz doit être nettoyé avant l’usinage du riz biologique. Par exemple, cinq sacs de riz biologiques peuvent être d’abord blanchis pour nettoyer l’atelier et seront classés comme riz de cultures conventionnelles. Seul le riz qui sera blanchi ensuite sera considéré comme riz biologique.
  • Stockage. La qualité du riz peut être affectée par la température et l’humidité. Différents types de riz (riz complet ou riz blanc) nécessitent différentes conditions de stockage. Par exemple, le riz complet peut être stocké pendant deux ans dans un contenant hermétique entre 10 et 35°C, alors que le riz blanc peut être stocké jusqu’à trois ans dans les mêmes conditions.

Commercialisation et certification biologique

La certification biologique de la production du riz est nécessaire uniquement si le marché la demande. Étant donné que les produits biologiques s’étendent de plus en plus aux marchés domestiques et d’exportation en Afrique, de plus en plus de producteurs de riz devront vérifier et faire approuver leur système agricole comme système biologique. Ainsi, on s’attend à ce que les certifications occupent une place importante. Les agriculteurs intéressés devront répondre aux exigences générales en matière de production biologique: ne plus utiliser de pesticides et d’engrais de synthèse, d’organismes traités ou génétiquement modifiés, mais utiliser d’autres méthodes de production durable. Les agriculteurs devront être prêt à apprendre et à appliquer de nouvelles méthodes pour apporter des solutions biologiques aux défis existant autour de la production de riz.

À prendre également en considération:

  • Les agriculteurs doivent disposer d’une surface de terre cultivable considérable pour produire des quantités de riz qui vont bien au-delà de l’échelle du ménage (volumes pouvant être commercialisés) pour couvrir les coûts additionnels de la certification. Ils doivent également être propriétaires de leur terre ou disposer d’un bail à long terme.
  • Les producteurs doivent avoir accès à au moins une installation destinée à la transformation du riz (pour l’usinage et le conditionnement) où ils pourront négocier le traitement de leur récolte et minimiser la contamination. Ils pourront par la suite, lorsque les volumes augmenteront, acquérir leur propre installation de transformation.
  • Un groupe d’agriculteurs venant du même village avec des champs voisins peuvent former une coopérative de producteurs pour minimiser les risques de contamination par les cultures proches. Concernant le riz biologique, il est également important d’éviter toute contamination avec des cultures de riz conventionnelles et d’autres substances pendant la transformation. Tous les équipements utilisés après la récolte pour traiter le riz conventionnel doivent être nettoyés de manière adéquate avant d’être utilisés pour le riz biologique. Il est également très important d’utiliser des sacs propres qui n’ont pas déjà servi pour des engrais chimiques ou pour tout autre produit chimique. Ils peuvent être nettoyés correctement avant d’être utilisés pour les récoltes.
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