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Les deux principaux groupes de cultivars sont le blé commun (Triticum aestivum) et le blé dur (Triticum durum). La consommation de blé est en augmentation constante dans de nombreux pays. Le prix relativement élevé des importations est un fardeau considérable qui pèse sur les économies et incite donc à produire le blé au niveau domestique.

En ce qui concerne la farine blanche, seule la partie interne du grain, riche en amidon et en gluten, est utilisée. Moudre le grain complet donne une farine plus sombre mais plus saine car elle contient le germe de blé (contenant de l’huile et des vitamines) et le son (l’enveloppe qui contient les minéraux). En général, la culture du blé nécessite peu d’intrants et peut de moyens mécanisés. Toutefois, une pluie irrégulière, une saison de croissance courte, des périodes de chaleur extrême, un sol pauvre, ainsi que des maladies et des nuisibles agressifs peuvent poser des problèmes pour mener les cultures à terme.

Conditions agro-écologiques

Le blé est une culture qui se trouve essentiellement dans les climats tempérés et subtropicaux. La saison sèche et les étés modérément chauds favorisent de bonnes cultures de blé. Étant donné que les cultivars ont été adaptés à une grande variété de conditions, le blé peut aujourd’hui être cultivé dans des climats modérés à froid des latitudes nord et sud jusqu’à l’équateur, et du niveau de la mer jusqu’à plus de 4'500 mètres d’altitude. Comparativement à d’autres céréales, les besoins du blé en eau et en sol sont assez spécifiques. Le blé commun et le blé dur ont en quelque sorte des besoins écologiques différents.

Stratégie de diversification

Dans des conditions tempérées, la culture répétée du blé est commune en agriculture conventionnelle. La culture du blé en continue entraîne toutefois une plus grande compétition avec les mauvaises herbes, l’apparition de maladies dans le sol (pourriture du pied et des racines), l’appauvrissement des nutriments et la baisse des rendements. Une rotation des cultures appropriée permet des cultures de blé réussie.

Une culture de céréale ne doit pas être plantée plus de deux fois de suite sur un même terrain. Le blé ne doit être ressemé qu’une fois tous les trois ans sur une même parcelle. Il doit être cultivé en rotation avec des plantes qui n’attirent pas les même nuisibles et les même maladies que le blé et qui aident à contrôler les mauvaises herbes. Les partenaires les plus efficaces pour la culture en rotation du blé sont les légumineuses car elles ne transmettent pas de maladies au blé, elles recouvrent le sol densément et elle apporte de l’azote aux cultures suivantes.

Les meilleures cultures pour précéder le bé sont les légumineuses et les tubercules. Le blé profite de l’azote apporté par les légumineuses. Les tubercules laissent de petits sillage ce qui facilite la préparation du sol pour le blé. La culture du blé en seconde position après une légumineuse est également recommandée. Cultiver du blé après une autre culture céréalière augmente les risques de nuisibles et de maladies.

Le blé peut également être cultivé en cultures intercalaires. Les bons partenaires du blé en cultures intercalaires sont le pois chiche, l’orge, la moutarde, le petit pois, le pois cajan à longue maturation, la lentille, ou le carthame. Le blé peut également être planté avec des cultures à courte maturation (pois chiche, lentille ou lentille d’Espagne) à la fin de sa saison de croissance, si le sol est encore suffisamment humide. Une culture de couverture peut également être plantée après le second désherbage des cultures, avant que le blé ne sorte. Des passages successifs avec une herse à céréale, un sarcloir ou un ameneur mélangent les graines et améliore la germination.

Gestion des maladies

La gestion des nuisibles et des maladies peut être directe ou indirecte. En moyenne, les maladies et les nuisibles détruisent environ 20 % de la récolte potentielle de grains, cette proportion couvre également les pertes lors du stockage. Dans certains cas, les pertes lors du stockage sont les plus importantes. Les pertes dues aux maladies peuvent être contrôlées efficacement en faisant pousser des cultivars qui développent une tolérance et une résistance à ces maladies et en appliquant un modèle de rotation de cultures approprié pour assurer de bonnes conditions de croissance.

La gestion des nuisibles est principalement basée sur des mesures préventives et de grands efforts sont faits pour créer des variétés résistantes aux nématodes, aux punaises des céréales et aux mouche de Hesse. Ces ravageurs peuvent considérablement affecter les rendements de blé. Dans les climats secs, des mesures directes contre les maladies qui se développent dans des conditions humides ne sont pas utiles en général. En revanche, des traitements occasionnels sont plus appropriés dans les climats humides qui sont plus favorables au développement des maladies.
Les formes de rouille les plus dangereuses et les plus répandues sont la rouille noire (Puccinia graminis f.sp.) et la rouille brune du blé. Dans les climats froids, des rayures ou de la rouille jaune sont également très répandues. La rouille affecte les feuilles et même les épis, réduisant parfois les rendements de moitié. D’autres maladies importantes sont l’helminthosporiose du blé, la gale, la pourriture du pied/racine (Fusarium spp.) et le sclérote du pied (Corticium rolfsii). D’autres maladies comme les tâches sombres (Pyrenophora tritici-repentis), le blanc, la septoriose du blé (Mycosphaerella graminicola), les taches des glumes du blé (Phaeosphaeria nodorum), l’alternariose (Alternaria spp.), le charbon nu (Ustilago nuda f.sp. tritici), le rhizoctone commun (Rhizoctonia spp.), la maladie des stries bactériennes ou glume noire (Xanthomonas translucens pv. undulosa) et le virus de la jaunisse nanisante de l'orge peuvent être plus ou moins importantes selon les régions.

Pour être efficace, les mesures de contrôle des maladies peuvent tenir compte du mode de transmission de la maladie. Les maladies des pieds et des racines comme le Fusarium spp., le Rhizoctonia spp. et la Septoria proviennent du sol. Elles prolifèrent lorsque les rotations de cultures ne sont pas parvenues à briser le cycle des maladies qui sont spécifiques à un endroit donné. Le blanc (Erysiphe graminis) et la rouille peuvent être transmis par le vent sur de longues distances. Ainsi, il existe deux groupes de maladies qui doivent être traitées différemment. Les maladies provoquées par un champignon peuvent se propager par le biais de semences infectées. Les maladies provenant des semences peuvent s’avérer difficiles à contrôler. Pour prévenir les transmissions, toute semence utilisée doit être testée, dans la mesure du possible, pour s’assurer qu’elle ne contient aucune maladie. La mesure la plus efficace contre les maladies des semences est d’utiliser des semences certifiées.

La rouille brune (Puccinia recondita f.sp. tritici): maladie du blé la plus dévastatrice. Elle se répand facilement et se retrouve fréquemment en Afrique. La rouille brune peut affecter le blé à tous les stages, à une température située entre 2 et 32 °C et ne dépend pas forcément de l’humidité. Les pertes se présentent sous la forme d’une réduction de la surface verte des feuilles. Les plantes infectées produisent moins de talles et moins de grains, qui sont généralement plus petits. Les symptômes se présentent sous la forme de pustules brunâtres sur la face supérieure des feuilles et sur la gaine foliaire. Sur les cultivars résistants, les pustules restent petites. Des spores noires se développent lorsque la température est élevée. Un traitement direct consiste à arracher et à brûler les plantes affectées. Cependant, la mesure la plus courante consiste à commencer par utiliser des variétés de blé résistantes. Cultiver un mélange de variété peut réduire le taux d’infection. Répandre des décoctions de tabac est une méthode connue pour contrôler la rouille mais il faut prendre quelques précautions pour éviter tout effet sur l’homme.

Rouille jaune du blé (Puccinia striiformis): sous les tropiques, la rouille jaune est la maladie principale du blé cultivé dans les climats de montagne froid, bien qu’une température supérieure à 20 °C arrête sa croissance. Des pertes sont provoquées par la diminution de la surface active de la feuille, la croissance réduite des racines et une perte en eau accélérée.

Helminthosporiose du blé (Cochliobolus sativus): maladie provenant du sol. Elle affecte de nombreuses céréales, herbes ou légumineuses et est présente dans les sols à travers le monde entier. La maladie affecte toutes les parties de la plante, à tous les stages de son développement et peut entraîner de sérieux dégâts, en particulier dans les régions arides et sur les plantes qui manquent d’eau. Une fois que le sol est infecté, une dissémination aérienne provoque de sévères maladies foliaires et des pertes de rendement (lorsque l’humidité est élevée). Les infections précoces tuent les semences ou donnent des plantes chétives avec des talles avortés, alors que les infections tardives provoquent une maturité prématurée avec de petites graines rétractées. Des lésions brunes et noires, marquant un contraste net avec les tissus sains des feuilles, se manifestent sur les feuilles inférieures après que la plante est sortie. Le symptôme le plus visible est un entre-nœud subcoronal marron foncé.

D’autres mesures préventives consistent à éviter l’infestation des terrains, à cultiver des cultivars résistants, à mélanger des cultivars résistants aux cultivars sensibles et à traiter les semences avec des microorganismes et des extraits de plantes (la moutarde qui contient un taux élevé de glucosinolate). La seule mesure directe efficace consiste à brûler les résidus de blé après la récolte pour réduire la population pathogène dans le sol (mais cela signifie que la matière organique de la couche arable va brûler elle-aussi).

Le blanc (Erysiphe graminis): construit des coussins fongiques de couleur blanche à gris-marron avec des points noirs sur les feuilles, ce qui entraîne leur mort et des pertes de rendement. Le blanc n’est inquiétant que pour les cultivars hautement sensibles. Sa prolifération est encouragée par un approvisionnement élevé en azote et par des rangs très resserrés avec un maximum de contact entre les plantes. Les mesures préventives consistent à utiliser des variétés résistantes et des variétés mélangées et à éviter les rangées trop serrées et la sur-utilisation d’engrais.

Gestion des nuisibles

Les ravageurs des champs incluent différents pucerons (qui peuvent également transmettre des virus), les termites, l’herbe, les thrips, les scarabées, les asticots, les vers, les mineuses des feuilles, les moucherons, les mouches à scie, les nématodes (des racines et du grain) et les oiseaux. En Afrique, les sauterelles migrantes détruisent régulièrement les cultures de blé. Si l’on choisi d’utiliser un insecticide naturel, il faut prendre en considération l’impact qu’il aura sur les insectes utiles. Certains organismes de certification biologique restreignent l’utilisation d’insecticides naturels sur les céréales biologiques. Les agents potentiels contre les pucerons, les chenilles ou les acariens incluent le pyrèthre, le Bacillus thuringensis, la roténone, les savons et les pulvérisations d’huiles et de neem.

Les pucerons: Les pucerons percent et sucent les sucs à différents endroits de la plante. Une attaque massive de pucerons sur les épis de blé reste la plus dommageable car elle entraîne la pousse de plus petits grains avec moins de protéines. Heureusement, les lourdes pertes sont rares. Les pucerons se développent mieux dans des climats chauds et secs et ont de nombreux ennemis naturels qui sont très importants pour le contrôle de ce nuisible. Des mesures encourageant une grande biodiversité et les ennemis naturels contribuent à contrôler les pucerons.

Nématodes: Les nématodes sont des animaux aquatiques qui se logent dans les films d’eau qui entourent les particules de terre. Leurs larves attaquent les racines et retardent le développement des plantes. Certaines espèces sont très répandues tandis que d’autres ne se trouvent que dans certaines régions. Certaines affectent de nombreuses cultures comme les légumes, les fruits et les cultures de base, tandis que d’autres ne s’attaquent qu’à un type de cultures en particulier. Le blé est affecté par les nématodes à galle. (Meloidogyne spp.) et par les nématodes à kyste (Globodera spp., Heterodera spp.). La plupart des nématodes parasites des plantes vit dans la couche arable. Des espèces peuvent survivre plusieurs années dans le sol (comme les nématodes à kyste). La plupart des nématodes parasites favorise le développement des champignons. Le contrôle des nématodes consiste à interrompre leur cycle biologique avec une rotation des cultures, un encouragement de l’activité microbienne et une utilisation des variétés résistantes. Aucun moyen de contrôle biologique n’a été trouvé à l’heure actuelle et les extraits de plantes ainsi que les amendements du sol qui ont été expérimentés n’ont pas été fructueux. D’autres mesures comme la solarisation du sol, le traitement des sols à la vapeur ou l’inondation sont assez efficaces mais restent difficiles à appliquer en général.

La punaise des céréales (Eurygaster integriceps Puton): La punaise des céréales et la punaise du blé sont très répandues dans les régions où l’on cultive les céréales pluviales au nord de l’Afrique et au sud-ouest et au centre de l’Asie, pourtant, les pertes ont lieu surtout en Asie centrale et orientale.

Nuisibles du stockage: On retrouve parmi les nuisibles du stockage le charançon du riz, (Sitophilus oryzae), le petit perceur des céréales (Rhyzopertha dominica), l’alucite (Sitotroga cerealella) et le trogoderme des grains (Trogoderma granarium). Les rongeurs, en particulier le rat noir (Bandicota bengalensis), ravagent également les grains stockés. Les agents pour contrôler les nuisibles du stockage du blé biologique sont limités.

Manutention avant et après la récolte

Récolte

La période de récolte dépend de l’ensemencement, du climat et de la variété cultivée. L’irrigation retarde la récolte alors que des températures élevées accélèrent la maturation. Les grains de blé sont récolés lorsque la plante devient jaune et que les grains durs et secs prennent une couleur dorée. Les grains de blé à maturité ont une teneur en humidité de 10 à 12 %. Les gros exploitants récoltent les grains de blé avec une moissonneuse-batteuse qui coupe les talles, bat et vanne les grains en une seule étape. Cependant, la plupart des agriculteurs utilisent une faucille pour récolter le blé. Si le blé des champs plus petit est récolté avant qu’il arrive pleinement à maturité, il doit être mis à sécher empilé dans des gerbes sous abri.

Après la récolte

Après la récolte, les grains doivent être séparés des plantes puis vannés pour séparer les grains des enveloppes, des grains pas mûrs et des impuretés. Généralement, le battage s’effectue en tapant les épis de blé avec un bâton, en piétinant la paille ou en roulant dessus avec un tracteur. On peut également battre le blé contre un petit muret ou contre les parois d’un récipient pour ramasser les grains plus facilement et réduire les pertes. Les méthodes de battage manuel entraînent en général de plus grandes pertes qu’un battage mécanisé. L’une des caractéristiques du blé est que le grain se sépare facilement de son enveloppe.

Le vannage à la main est courant sous les tropiques mais il est très laborieux et ne permet pas d’atteindre les mêmes résultats qu’un vannage mécanique. Des souffleuses à bas coup, à main ou mécaniques deviennent de plus en plus populaires pour nettoyer et sécher les grains.

Stockage

Afin d’assurer une bonne durée de conservation et une réduction des pertes, les grains de blé doivent être entièrement séchés et ne doivent pas contenir de poussière, d’insectes ou de mauvaises graines. Une teneur en humidité en dessous de 13 % est considérée comme une valeur sûre pour le stockage du grain. Une température et une teneur en humidité inappropriées dans les grains après la récolte peuvent détruire la qualité de cuisson et créer des taux élevés de mycotoxines, qui sont nocifs pour l’Homme. Les grains secs doivent être stockés de façon à ce que l’air puisse circuler entre, afin de prévenir le développement des moisissures. La zone de stockage doit également être protégée des oiseaux et des rats qui constituent tous deux des problèmes pour le stockage. Sur le site de l’exploitation, on stock généralement le grain dans des fûts métalliques, des pots en terre cuite ou des récipients en polyéthylène. Pour de plus grandes quantités de grains, des silos en bambou et en terre sont également utilisés. Si les grains ne sont pas stockés dans un récipient hermétique, il faudra peut-être les sécher de nouveau et régulièrement.

Des installations pour un entreposage commercial peuvent être une alternative au séchage et au stockage du grain sur le site de l’exploitation où il est produit. Les installations de stockage doivent également être certifiées par un organisme de certification biologique.

La méthode la plus utilisée pour contrôler les insectes dans les grains stockés consiste à les étendre au soleil. La plupart des insectes s’en vont d’eux-mêmes lorsque la température atteint 40-44 °C. Le traitement des grains stocké n’est pas courant sous les tropique car il est trop coûteux. Les traitements possibles sont la fumigation au CO2 ou au gaz naturel dans les contenants fermés ou le traitement par la poudre de silice.

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