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AgriGuide

Gestion des nuisibles et des maladies

Gestion des nuisibles et des maladies

Le rôle de la biodiversité

L’un des principaux piliers de la gestion proactive des nuisibles est le fait de les éloigner de l’exploitation agricole. L’élément clé pour y parvenir est l’implantation d’une grande variété de vie végétale et animale au-dessus et en dessous de la surface du sol. Cette variété d’organismes forme ce que l’on appelle la biodiversité. La biodiversité nuit gravement à la prolifération des nuisibles.

Améliorer la biodiversité entraîne les effets suivants:

Les mesures présentées précédemment aident non seulement à contrôler les nuisibles mais ont également d’autres effets positifs, une raison de plus pour les utiliser. Autres avantages:

Améliorer la biodiversité

Culture de plantes le long des champs et des fossés.

Des bordures de végétation le long des champs et des fossés peuvent empêcher les nuisibles venus d’ailleurs d’infester les cultures. Une combinaison de grands arbres et de petits buissons avec un tapis d’herbe est suffisante. Comme les nuisibles sont portés par le vent, il est important de planter des bordures le long des champs pour contrer les vents dominants. La plupart des prédateurs d’insectes ont besoin de nectar et de pollen. Par conséquent, il est également important de planter des arbres, des buissons et des herbes ayant une floraison importante.

Cependant, la végétation peut également servir de nourriture et d’abri pour les nuisibles, les agriculteurs doivent alors adapter cette végétation pour qu’elle attire moins de nuisibles et plus de prédateurs.

Il est recommandé d’utiliser des espèces de plantes qui poussent bien dans les conditions locales. On peut installer une bordure permanente composée d’un mélange de pelouse et d’herbes annuelles et pérennes. La bordure doit être entretenue et taillée une à deux fois par an pendant les deux ou trois premières années pour éviter la pousse de plantes indésirables. Il est déconseiller de fertiliser le sol des bordures car cela encouragerait la pousse de l’herbe qui finirait par tout envahir. Les herbes et les épices sont conseillées mais le désherbage reste nécessaire pendant les phases de croissance précoce pour éviter toute compétition autour des nutriments.

L’effet "push-pull" (pousser-attirer) protège le maïs de la pyrale et de la striga

La pyrale (larve de papillon) est l’insecte nuisible le plus répandu dans les cultures céréalières à l’est et au sud de l’Afrique. Les pertes qu’elle entraîne peuvent atteindre 80% tandis que celles dues à la striga vont de 30 à 100 % dans la plupart des régions.

Les chercheurs ont trouvé une méthode qui consiste à cultiver le maïs aux côtés de deux autres plantes. L’une attire la pyrale (effet « pull ») et l’autre culture intercalaire la repousse (effet "push"). Ensemble, ces cultures protègent le maïs de manière très efficace.

L’herbe, aussi bien cultivée que sauvage, a un effet attractif sur la pyrale. L’herbe à éléphant est la plus efficace. On la plante le long des bordures autour du champ de maïs pour attirer les papillons adultes. Plutôt que de se poser sur les plantes de maïs, ces insectes sont attirés vers un repas plus appétissant. L’herbe à éléphant dispose d’un moyen de défense particulièrement intelligent contre les attaques de nuisibles. Lorsqu’une larve de pyrale l’attaque, cette plante sécrète une substance gluante qui emprisonne la larve et limite les dégâts. Ainsi, les prédateurs cachés parmi les plantes, peuvent passer à l’action.

Les légumineuses desmodium repoussent les papillons adultes et les contraignent à s’éloigner des cultures principales (maïs ou sorgho). Le desmodium est planté parmi les rangées de maïs ou de sorgho. Étant une plante à croissance lente, le desmodium n’interfère pas avec la croissance des cultures et présente l’avantage de maintenir la stabilité du sol et d’améliorer sa fertilité par fixation d’azote. Il constitue également un fourrage très nutritif. D’autres légumineuses produisent le même effet, mais le desmodium lui, anéantit également la striga de manière efficace.

Rotation des cultures

Il s’agit de diverses cultures en champ, ensemencées de manière successive suivant les saisons. La rotation des cultures joue un rôle important pour la fertilité du sol et également pour prévenir l’apparition de divers nuisibles comme les maladies présentes dans le sol et les mauvaises herbes pérennes. Dans l’idéal, les agriculteurs doivent alterner des cultures de céréales avec des légumes et des racines et des tuberculeuses.

Il faut prendre soin de ne pas cultiver deux plantes de la même famille l’une après l’autre. Par exemple, les pommes de terre et les tomates ou le céleri et les carottes. Il est toutefois possible de faire pousser des cultures de céréales plus souvent que les autres cultures en rotation car les maladies du sol ne les affectent pas. Il faut prendre en compte les cultures vivrières et marchandes régulières lorsque l’on prévoit une rotation des cultures.

Organic farmers in Benin successfully grow cotton without pesticides

Les agriculteurs biologiques du Bénin ont réussi à cultiver du coton sans pesticides
Le coton attire un grand nombre d’espèces de nuisibles. Par conséquent, la culture conventionnelle du coton est associée à un épandage intensif d’insecticides. Les producteurs de coton béninois ont formé l’ONG OBEPAB (Organisation Béninoise pour la Promotion de l’Agriculture Biologique) pour adopter un système de production de coton biologique. On utilise aucun pesticide de synthèse ni aucun engrais inorganique. À la différence des pratiques de l’agriculture conventionnelle, on recycle les résidus des cultures précédentes pour améliorer la fertilité du sol, au lieu de simplement les brûler.

D’autres avantages apparaissent avec la production biologique, il n’y a plus besoin d’acheter des pesticides et les producteurs obtiennent de meilleurs prix pour leur coton.

La base pour cultiver le coton biologique est une rotation de cultures qui se déroule sur trois ans. Le coton est fertilisé la première année avec des graines de coton agglomérées et est cultivée sur des résidus de récolte en décomposition le long des courbes de niveau. Les cultures de coton sont ensuite alternées avec des céréales (maïs, millet, sorgho) et des plantes oléagineuses (cacahuète, sésame, carthame).

D’autres possibilités incluent des épices et des légumes comme le piment ou l’oignon. Lors de la troisième année, on cultive des légumes secs comme le pois d’Angole, l’haricot mungo, le pois chiche ou l’haricot à œil noir. La culture de coton qui suivra (en année 4) profitera de l’azote qui aura ainsi été fourni.

Lorsqu’une longue période s’écoule entre deux saisons de cultures, le sol n’est pas laissé à nu. Des cultures de couverture sont établies pour empêcher l’érosion du sol et l’apparition des mauvaises herbes, ainsi que pour servir de nourriture et d’abri pour les insectes utiles au contrôle des insectes nuisibles du coton.

Les cultures de couverture les plus utilisées sont la luzerne, le mélilot, le trèfle rouge, le trèfle blanc, la vesce, l’haricot à œil noir, le sarrasin et la moutarde. Par ailleurs, des cultures pièges sont cultivées en bordure des champs de coton. Elles attirent les nuisibles pour les éloigner des cultures de coton. On compte parmi les cultures pièges le tournesol, l’haricot à œil noir, la luzerne, le gombo et le coton qui a été semé plus tôt.


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