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AgriGuide

Gestion des nuisibles et des maladies

Gestion des nuisibles et des maladies

Prévention des dégâts et habilitation des prédateurs naturels

Les prédateurs des insectes qui s’attaquent aux cultures sont les alliés des agriculteurs. Il y a deux groupes d’ennemis naturels : les prédateurs et les parasites. Les prédateurs mangent leur proie et la plupart d’entre eux sont inoffensifs pour les hommes et les cultures.

Les prédateurs courants sont les araignées, les acariens prédateurs, les coccinelles, les carabes et les syrphes. Ces prédateurs présentent l’avantage de se multiplier aussi vite que leurs proies. Les parasites les plus communs sont les guêpes et les mouches. Ils déposent leurs œufs dans les larves des insectes et des acariens nuisibles pour que leurs propres larves dévorent leur hôte de l’intérieur. Les prédateurs mangent de nombreuses espèces d’insectes et d’acariens, à la différence des parasites qui préfèrent souvent un seul type d’insecte nuisible. Lorsque ces derniers deviennent adultes, ils se nourrissent exclusivement de pollen et de nectar, qui proviennent souvent de fleurs sauvages. Si les ennemis naturels sont suffisamment présents lorsque la saison des cultures commence, ils réguleront le niveau d’insectes et d’acariens pour que les cultures restent saines.

Les agriculteurs peuvent également prendre des mesures pour aider un peu les ennemis naturels des nuisibles. De la végétation variée autour des parcelles cultivables offre un abri où ces derniers peuvent survivre entre les cycles végétatifs. Les agriculteurs peuvent stimuler un peu plus leur développement en semant des plantes qui fleurissent autour et dans les champs de cultures. Ils peuvent également fabriquer des abris supplémentaires pour les prédateurs et les parasites.

Prévenir la prolifération des nuisibles
La végétation à l'intérieur et autour des champs représente plus qu’un simple abri pour les ennemis naturels. De la haute végétation autour des champs éloigne les insectes volants et les acariens transportés par le vent. Une seconde culture dans le champ peut servir de barrière physique, en plus d’offrir les avantages que l’on vient de mentionner. Des rangées de cultures spécifiques peuvent repousser ou attirer les insectes nuisibles avec l’odeur qu’elles émettent : il s’agit des cultures répulsives et des cultures pièges.

Rotation des cultures
Lorsque les cultures sont mises en rotation, les agriculteurs peuvent alterner des cultures qui sont attaquées par un type de nuisibles particulier avec des cultures qui ne sont pas attaquées par ce type de nuisibles. La rotation des cultures fait partie d’une stratégie pluriannuelle visant à minimiser le nombre de nuisibles sur une exploitation.

Courte saison de croissance
Si les agriculteurs font principalement pousser qu’une seule sorte de culture et qu’une rotation de cultures n’est pas une option viable, il est important de bien étendre le plus possible la durée de la période située entre chaque culture. Le nombre d’insectes nuisibles diminue pendant que la terre ne porte pas de cultures. Les agriculteurs peuvent également encourager ce déclin en incorporant les résidus de récolte contenant les nuisibles profondément dans le sol ou en amenant les nuisibles à la surface où ils seront vulnérables, en proie à leurs ennemis naturels. Il est recommandé de procéder à une saison de croissance de courte durée en semant ou en plantant le plus vite possible. Il en va de même pour la récolte. Il vaut mieux ne pas attendre que la dernière plante soit prête à être cueillie ou que le dernier fruit soit mûr car plus il s’écoule de temps avant la récolte, plus les insectes nuisibles seront préparer à survivre et seront encore là lorsque les cultures suivantes seront semées.

Enlever les résidus de récolte
S’il reste beaucoup de nuisibles après la récolte, il vaut vieux retirer les résidus des cultures et les insectes qu’ils abritent plutôt que de les laisser dans le champ. En revanche, s’il y a peu d’insectes nuisibles dans les résidus de récolte et beaucoup d’ennemis naturels, il peut être utile de laisser ces résidus dans les champs.

Fertiliser
Il est important de fertiliser de manière équilibrée, avec assez de P et de K (phosphore et potassium) et pas trop de N (azote). Trop de N rend les cultures appétissantes pour les insectes et celles-ci deviennent alors très denses ce qui complique la tâche de leurs ennemis naturels qui doivent faire de plus gros efforts pour trouver leur proie.

Contrôle

Même avec toutes les mesures préventives mentionnées plus tôt, la population de nuisibles peut devenir trop grande et causer des dommages inacceptables dans les cultures. Il est important d’inspecter les cultures toutes les semaines pour savoir si un niveau critique de nuisible a été atteint.

Des informations propres au terrain concernant le niveau critique de nuisibles (comme le nombre de nuisibles par mètre carré ou par mètre de rangée) doivent être disponibles. Dès que le nombre de nuisibles est trop élevé, les agriculteurs doivent commencer à envisager des actions correctives.

Attraper à la main
Si la population de nuisibles n’est pas trop importante, on peu attraper les plus gros insectes à la main et les écraser.

Placer des pièges
Leurrer les nuisibles avec des pièges demande moins de travail et s’effectue avec plus de facilité. Les pièges les plus communs diffusent de la lumière pour attirer les insectes nocturnes. Ils sont faits à partir de rubans jaunes recouverts de colle, ou contiennent un appât.

Contrôle biologique par les insectes et les microorganismes utiles
Si l’on constate que les ennemis naturels des insectes et des acariens nuisibles restent en marge plutôt que d’avancer au milieu du champ, les agriculteurs peuvent les prendre avec la main pour les emmener dans le champ. Parfois, des ennemis naturels sont élevés ailleurs et disponibles à la vente. Il peut s’agir de prédateurs, de parasites, mais également de nématodes ou de maladies provoquées par des champignons, des virus ou des bactéries.

Les nématodes sont principalement utilisés pour combattre les insectes du sol. Les virus, les bactéries et les champignons sont épandus sur l’ensemble des cultures et infectent les insectes nuisibles qui s’y trouvent.

Contrôle par les extraits de plantes
De nombreuses espèces de plantes, aussi bien cultivées que sauvages, contiennent des substances qui peuvent tuer les insectes. Il est possible de fabriquer un liquide à partir de ces plantes pour le pulvériser sur les cultures. Les extraits de plantes présentent à la fois des avantage et des inconvénients par rapport aux pesticides de synthèse. Avantages majeurs:

Cependant, les extraits de plantes présentent tout de même quelques inconvénients:

Les  agriculteurs du Cameroun sélectionnent des extraits de plantes aux propriétés insecticides

Divers produits et méthodes de protection des cultures non chimiques ont été testés dans les conditions locales du Cameroun.

En premier lieu, un inventaire des méthodes traditionnelles de gestion des nuisibles a été établi par des petits agriculteurs dans les provinces du nord-ouest, du sud-ouest et de l’ouest du Cameroun. Des informations ont été rassemblées à partir de leurs réponses et des documents existants pour ensuite préparer des dépliants destinés à la distribution. Les agriculteurs ont reçu une formation sur les méthodes non chimiques de protection des cultures pour contrôler les nuisibles de leur exploitation. La méthodologie utilisée pour ces formations faisait appel à une approche participative et aux méthodes de l’École d’agriculture de terrain.

L’une des préparations prometteuses qui a été choisie pour être testée dans les champs après cet inventaire est l’huile de ricin (Ricinus communis).

Préparation: 0.5kg de graines sans coque ou 0.75kg de graines fraîches avec coques écrasées puis bouillies pendant 10 minutes dans 2 litres d’eau. On ajoute deux tasses de kérosène avec un peu de savon. La solution est filtrée (avec du tissu) puis diluée dans 10 litres d’eau froide. La préparation est alors prête à être pulvérisée sur les feuilles pour contrôler les chenilles phyllophages, les pucerons et les punaises dans les cultures de légumes. L’huile de ricin est toxique pour l’Homme autant que pour les ennemis naturels des nuisibles.

Des extraits à base de margousier (Azadirachta indica) sont également très utilisés. Les extraits de margousier sont efficaces sur près de 400 espèces d’insectes, notamment sur la plupart des nuisibles (papillons, charançons, carabes et mineuses de feuilles). Ces extraits ne tuent pas les insectes directement mais empêche leur reproduction de manière efficace. L’extrait de margousier peut être préparé à partir des feuilles mais les graines sont plus riches en composés insecticides. 75g de graines (avec leur enveloppe) sont nécessaires pour un litre d’eau.

Les graines doivent avoir au moins entre 3 et 8-10 mois. Les graines réduites en poudre sont placées dans une poche de mousseline qui est ensuite plongée dans l’eau pendant une nuit. On presse ensuite la poche et on filtre l’extrait. On ajoute un peu de savon au filtrat (1 ml/litre d’eau) pour fixer l’extrait sur la surface des feuilles des plantes cultivées.

On peut également utiliser des feuilles de papayer: 1 kg de feuilles fraîches broyées puis plongées dans 10 litres d’eau. On ajoute deux tasses de kérosène avec un peu de savon et on laisse tremper pendant une nuit. Passer la décoction à l’aide d’un morceau de tissu avant de la vaporiser sur les feuilles des légumes pour lutter contre les chenilles phyllophages, les pucerons et les punaises.

Est-il possible d’acheter des pesticides à base de margousier directement (en Europe, en Afrique, etc.) ou faut-il les fabriquer chez soi ?

Les pesticides à base d’huile de margousier (ou Neem) (Azadirachta indica) sont un moyen naturel pour contrôler les nuisibles et les maladies qui affectent les cultures, les plantes ou les fleurs. L’huile de margousier est utilisée depuis des centaines d’années compte tenu de ses vertus répulsives. Les agriculteurs africains utilisent le margousier en tant qu’alternative biologique aux produits toxiques qui polluent les sols et les réserves d’eau en affectant les enfants, les oiseaux et les insectes utiles.

Les huiles de margousier fabriquées par les agriculteurs africains sont généralement de bonne qualité mais il vaut mieux vérifier l’étiquette pour voir ce qui a été rajouté car certaines huiles sont plus diluées que d’autres. On peut les trouver dans la plupart des magasins bio sous le nom d’huile de margousier ou d’extrait de feuilles de margousier et ces préparations sont normalement issues de l’agriculture biologique.

L’extrait de margousier se prépare facilement chez soi en suivant ces instructions:

Vaporiser ce pesticide artisanal sur toutes les feuilles en recouvrant l’ensemble de la surface des faces supérieures et inférieures avant de vaporiser le sol pour qu’il soit saturé en produit. Vaporiser la préparation tôt le matin ou en début de soirée pour ne pas effrayer les bons insectes ou brûler les plantes exposées en plein soleil.

Secouer le vaporisateur en cours d’utilisation pour maintenir la préparation bien mélangée. Renouveler cet épandage une fois par semaine et plus s’il pleut.

Cette préparation ne tuera pas les insectes avant qu’ils ne mordent les feuilles mais elle assurera un effet répulsif immédiat à cause de sa forte odeur.

Les pesticides à base d’huile de margousier sont connus pour tuer et contrôler les pucerons, les larves de papillons, les araignées rouges, les mouches blanches et les scarabées japonais. Ils n’affecteront pas les insectes qui ne mangent pas de feuilles comme les papillons, les coccinelles et les abeilles.


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